Une naissance orgasmique?
EXPERIENCE. En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, des sages-femmes encouragent les mères à avoir un accouchement sensuel, le meilleur antidote à la douleur, selon elles.
Marie-Christine Petit-Pierre
Lundi 11 juin 2007
«Lors de mon accouchement j'ai été remplie d'une indescriptible euphorie», raconte une jeune femme après avoir donné naissance à son premier enfant à Portsmouth en Grande-Bretagne. D'autres parlent plus franchement d'«orgasme cosmique». A Londre, Katerina Caslake, qui a vécu cette expérience ineffable à la naissance de ses deux fils, est devenue sage-femme pour faire profiter les autres parturientes de ses connaissances, a-t-elle confié au quotidien londonien The Independent. Un article repris par le Courrier International et qui fait l'objet de grands débats sur Internet.
Au Birth Center, dans le sud de Londres, on encourage également les futures mères à vivre une naissance sensuelle. «Si une femme se sent suffisamment à l'aise pour faire une stimulation des seins et un massage du clitoris pendant la naissance, c'est un moyen utile de soulager la douleur et de favoriser le travail», affirme Andrya Prescott, la porte-parole de l'Association des sages-femmes indépendantes, toujours dans les colonnes du journal londonien.
Un thème abordé sans complexes également aux Etats-Unis: sur le site http://www.unassistedchildb..., les témoignages de naissances sensuelles se multiplient. Selon ces sources, de plus en plus de couples souhaitent se réapproprier le moment de la naissance. Et rejettent l'hyper-médicalisation dont sont l'objet les naissances en milieu hospitalier.
Cette tendance se dessine également en France où les accouchements à domicile reviennent en vogue. On n'y parle par contre pas encore d'orgasme à l'accouchement. Pour Michel Odent toutefois, c'est l'aboutissement logique d'un accouchement mené dans le respect des besoins de la mère et de l'enfant.
Le Français, qui a été le premier à proposer des naissances «comme à la maison» à l'hôpital de Pithivier et à introduire les piscines d'accouchement. Il a créé un centre de recherche à Londres et suit des accouchements à domicile, accompagné d'une doula. L'important pour lui est d'éviter de perturber le processus de la naissance, afin que la mère arrive à lâcher prise. Pour cela elle doit être en contact avec son cerveau primitif. Il faut donc éviter le lui parler et de stimuler toutes choses qui s'adressent au néocortex, la partie moderne du cerveau.
«Beaucoup de femmes considèrent l'expérience de l'accouchement comme orgasmique ou, en tout cas, l'apparentent à une extase. Mais je pense qu'il est erroné de vouloir établir une méthode, il s'agit plutôt d'un cheminement. En évitant de stimuler la parturiente, on permet l'expression du flux hormonal qui combat la douleur physiologique de l'accouchement. Il y a des femmes qui considèrent l'expérience de l'accouchement comme un plaisir presque absolu. Une sage-femme de Rio de Janeiro vient de me dire qu'une de ses patientes aurait désiré que le moment du passage du bébé dure plus longtemps! Une déclaration difficile à comprendre pour le plus grand nombre.»
Pour vivre cette apothéose, le travail doit se dérouler dans une atmosphère d'intimité, ce qui explique qu'il soit extrêmement difficile de trouver des témoignages d'accouchement sensuel en milieu hospitalier. Pourtant, explique le psychothérapeute et sexologue Willy Pasini, environ 5% des patientes ressentent un orgasme à l'accouchement, selon des chiffres genevois. Pour le sexologue, il s'agit là d'une réaction purement mécanique au passage de la tête de l'enfant et non d'une réaction hormonale.
«C'est surtout l'ocytocine, l'hormone de l'attachement qui est produite en grande quantité dans ce moment et non la dopamine, l'hormone liée à l'érotisme, explique-t-il. Il y a néanmoins des conditions biologiques favorables à l'orgasme et il arrive que le point G soit touché.» (Non, le point G n'est pas un mythe, il s'agit d'un résidu de la prostate que l'on trouve chez 20% des femmes, précise le professeur). «Mais la naissance n'est pas le bon moment pour avoir un orgasme, poursuit-il, car il faut laisser la place à d'autres émotions.»
Sylvain Mimoun, responsable de l'Unité de gynécologie psychosomatique et d'étude de la sexualité à l'hôpital Robert Debré, à Paris, estime lui aussi qu'il ne faut pas tout mélanger. «Certaines femmes racontent qu'au cours d'un accouchement pas trop médicalisé, elles calmaient leurs douleurs en stimulant leur clitoris, ce qui peut déclencher le plaisir», convient-il. Pour Sylvain Mimoun, il s'agit là d'un épiphénomène, qu'on ne peut ériger en méthode.
«Je ne pense pas que l'accouchement devrait être la source d'un nouveau plaisir, souligne-t-il. Cependant certaines femmes sont surprises par les sensations de l'accouchement et éprouvent un orgasme, parfois pour la première fois. Cela va à l'encontre des interdits de la société. Il faut dédramatiser, afin que ces femmes n'aient pas l'impression d'être de mauvaises mères, ne se sentent pas «bestiales». Car pour beaucoup de femmes encore, une mère honnête n'a pas de plaisir.»
lundi, juin 11, 2007
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2 commentaires:
«Mais la naissance n'est pas le bon moment pour avoir un orgasme, poursuit-il, car il faut laisser la place à d'autres émotions.»
Pourquoi pas ? et si la logique judo-chrétienne pouvait dormir un peu...
Un orgasme pour acceuillir un enfant, idéal non ?
Hey, I am checking this blog using the phone and this appears to be kind of odd. Thought you'd wish to know. This is a great write-up nevertheless, did not mess that up.
- David
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